CLEMENT DE ROME
- refaelbastard
- 1 nov.
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L'Épître aux Corinthiens de Clément de Rome : Textes fondateurs sur l'Église primitive
L'Épître aux Corinthiens, attribuée à Clément de Rome, constitue l'un des plus anciens témoignages de l'organisation de l'Église primitive et de sa théologie naissante. Ce document, rédigé vers la fin du premier siècle, offre un aperçu précieux des préoccupations et des enseignements des premières communautés chrétiennes.
L'organisation de l'Église primitive
La succession apostolique
XLII, 1-5 - Les Apôtres nous ont annoncé la bonne nouvelle de la part de Jésus-Christ. Jésus-Christ a été envoyé par Dieu. Le Christ vient donc de Dieu et les Apôtres du Christ. Cette double mission elle-même, avec son ordre, vient donc de la volonté de Dieu. Munis des instructions de Notre Seigneur Jésus-Christ, pleinement convaincus par sa résurrection, et affermis dans leur foi en la parole de Dieu, les Apôtres allaient, tout remplis de l'assurance que donne le Saint-Esprit, annoncer partout la bonne nouvelle de la venue du Royaume des cieux. À travers les campagnes et les villes, ils proclamaient la parole, et c'est ainsi qu'ils prirent leurs prémices ; et après avoir éprouvé quel était leur esprit, ils les établirent évêques et diacres des futurs croyants. Et ce n'était pas là chose nouvelle : depuis de longs siècles déjà l'Écriture parlait des évêques et des diacres ; elle dit en effet : « J'établirai leurs évêques dans la justice, et les diacres dans la foi » (Is 60, 17).
Le témoignage de l'Ancien Testament
XLIII, 1-6 - Qu'y a-t-il d'étonnant à ce que les Apôtres, à qui Dieu confia une si haute mission, aient établi ces ministres, puisque Moïse, le bienheureux « serviteur fidèle, établi sur toute la maison » (Nb 12, 7), a écrit dans les livres saints tous les ordres qu'il avait reçus ; et les autres prophètes l'ont suivi et ont rendu témoignage aux lois qu'il avait instituées. Or, lorsque la jalousie surgit à propos du sacerdoce et que les tribus se mirent à se disputer l'honneur de ce titre glorieux, Moïse ordonna aux chefs des douze tribus d'apporter chacun un rameau portant le nom de leur tribu ; alors il lia ces rameaux en faisceau, les scella avec les anneaux des chefs, puis les déposa dans le tabernacle du témoignage sur l'autel de Dieu. Il ferma ensuite le tabernacle, en scella les agrafes, comme il avait scellé les rameaux, et il leur dit : « Frères, la tribu dont le rameau germera est celle que Dieu a choisie pour exercer le sacerdoce et le service du culte. » Le lendemain, il convoqua tout Israël, les six cent mille hommes, ouvrit le tabernacle du témoignage et en sortit les rameaux. On trouva que la verge d'Aaron avait fleuri, et même portait du fruit. Que vous en semble, bien-aimés ? Moïse ne savait-il pas qu'il en serait ainsi ? Il le savait parfaitement. Mais c'est pour éviter le désordre en Israël qu'il agit de la sorte, et pour glorifier le nom du Dieu véritable et unique, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.
La prévoyance apostolique
XLIV, 1-3 - Nos Apôtres aussi ont su qu'il y aurait des contestations au sujet de la dignité de l'épiscopat ; c'est pourquoi, sachant très bien ce qui allait advenir, ils instituèrent les ministres que nous avons dit et posèrent ensuite la règle qu'à leur mort d'autres hommes éprouvés succéderaient à leurs fonctions. Ceux qui ont ainsi reçu leur charge des Apôtres, ou, plus tard, d'autres personnages éminents, avec l'assentiment de toute l'Église, s'ils ont servi le troupeau du Christ d'une façon irréprochable, en toute humilité, sans trouble ni mesquinerie, si tous ont rendu un bon témoignage depuis longtemps, nous pensons que ce serait contraire à la justice de les rejeter de leur ministère.
Doctrine christologique et trinitaire
La Trinité divine
LVIII - Car aussi vrai que Dieu est vivant, vivants le Seigneur Jésus-Christ et le Saint-Esprit.
Cette formulation concise témoigne de la foi trinitaire de l'Église primitive, affirmant l'égale vitalité et divinité des trois personnes de la Trinité.
Le mystère de la Rédemption
Le sang précieux du Christ
VII, 4 - Fixons nos regards sur le sang du Christ et apprenons combien il est précieux aux yeux de Dieu son Père : répandu pour notre salut, il a offert au monde entier la grâce de la pénitence.
XII - Ils lui proposèrent encore un signal, qui consistait à suspendre à sa maison une corde de pourpre ; ils montraient ainsi que c'est par le sang du Seigneur que se ferait la rédemption de tous ceux qui croient et qui espèrent en Dieu. Vous le voyez, bien-aimés, en cette femme il n'y avait pas seulement la foi, mais encore le don de prophétie.
XXI, 6 - Révérons le Seigneur Jésus-Christ dont le sang a été donné pour nous.
La résurrection, fondement de l'espérance
XXIV - Observons, bien-aimés, comment le Seigneur ne cesse de nous montrer les indices de la future résurrection dont il nous a donné les prémices, en ressuscitant des morts le Seigneur Jésus-Christ.
L'amour du Christ manifesté dans le sacrifice
XLVIII, 6 - C'est dans la charité que le Maître nous a tirés à lui ; c'est à cause de la charité qu'il a eue pour nous, que Notre Seigneur Jésus-Christ a donné son sang pour nous, selon le dessein de Dieu, sa chair pour notre chair, son âme pour nos âmes.
Conclusion
L'Épître aux Corinthiens de Clément constitue un témoignage majeur de la pensée chrétienne du premier siècle. Elle révèle une Église soucieuse d'ordre et de légitimité, s'appuyant sur la succession apostolique et les préfigurations de l'Ancien Testament. La théologie du salut y apparaît déjà pleinement développée, centrée sur le sacrifice rédempteur du Christ et la promesse de la résurrection. Ces textes demeurent une source essentielle pour comprendre les fondements doctrinaux et organisationnels du christianisme primitif.





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