L'EGLISE DU CHRIST DANS LES ECRITURES SAINTES

L'EGLISE DU CHRIST DANS LES ECRITURES SAINTES (partie 2)

DEUXIÈME PARTIE : LE TÉMOIGNAGE DE LA TRADITION APOSTOLIQUE

I. LES PÈRES APOSTOLIQUES (Ier-IIe SIÈCLES)

A. Saint Clément de Rome (Lettre aux Corinthiens, ~96 ap. J.-C.)

Contexte : Troisième évêque de Rome après Pierre, Clément intervient dans les affaires de l'Église de Corinthe pour rétablir l'ordre.

Citation (ch. 42, 44) : "Les apôtres nous ont annoncé la Bonne Nouvelle de la part du Seigneur Jésus-Christ ; Jésus-Christ a été envoyé par Dieu. Le Christ vient donc de Dieu, et les apôtres du Christ [...] Ils établirent leurs prémices [...] pour être les évêques et les diacres des futurs croyants [...] Nos apôtres ont su, eux aussi, par notre Seigneur Jésus-Christ, qu'il y aurait des contestations au sujet de la dignité épiscopale. Pour cette raison [...] ils établirent les susdits et ils donnèrent en plus une règle pour la suite : quand ceux-ci mourraient, d'autres hommes éprouvés recueilleraient leur ministère."

Enseignements :

1. Chaîne apostolique : Dieu → Christ → Apôtres → Évêques

2. Succession prévue : Les apôtres ont institué leurs successeurs

3. Autorité de Rome : Un évêque de Rome intervient avec autorité dans une autre Église

B. Saint Ignace d'Antioche (Lettres, ~107 ap. J.-C.)

Contexte : Évêque d'Antioche, martyr sous Trajan, écrit sept lettres en route vers son martyre à Rome.

1. Sur la structure épiscopale (Lettre aux Smyrniotes 8,1-2) : "Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l'Église catholique."

Première mention du terme "Église catholique" (katholikè ekklèsia)

2. Sur l'unité autour de l'évêque (Lettre aux Éphésiens 5,1) : "Car tous ceux qui sont de Dieu et de Jésus-Christ sont avec l'évêque."

3. Sur l'Église de Rome (Lettre aux Romains, Prologue) : "À l'Église qui préside dans la région des Romains [...] qui préside à la charité."

Enseignements :

1. Structure épiscopale : Évêque, prêtres, diacres dans chaque Église locale

2. Catholicité : L'Église est "catholique" = universelle

3. Primauté de Rome : Rome "préside à la charité"

C. Saint Irénée de Lyon (Contre les hérésies, ~180 ap. J.-C.)

Contexte : Évêque de Lyon, disciple de Polycarpe (lui-même disciple de Jean l'Apôtre), combat les hérésies gnostiques.

1. Sur la succession apostolique (III, 3, 1) : "La Tradition des apôtres, manifestée dans le monde entier, c'est en toute Église qu'elle peut être perçue par tous ceux qui veulent voir la vérité. Et nous pourrions énumérer les évêques qui furent établis par les apôtres dans les Églises, et leurs successeurs jusqu'à nous."

2. Sur la primauté de Rome (III, 3, 2) : "Mais comme il serait trop long, dans un ouvrage tel que celui-ci, d'énumérer les successions de toutes les Églises, nous prendrons seulement l'une d'entre elles, l'Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome [...] Car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s'accorder toute Église, c'est-à-dire les fidèles de partout, — elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres."

3. Liste des évêques de Rome (III, 3, 3) : "Les bienheureux apôtres donc, ayant fondé et édifié l'Église, remirent entre les mains de Lin la charge de l'épiscopat ; c'est de ce Lin que Paul fait mention dans les épîtres à Timothée. Anaclet lui succède. Après lui, en troisième lieu à partir des apôtres, l'épiscopat échoit à Clément [...] À ce Clément succède Évariste, à Évariste Alexandre, puis est établi Xyste, le sixième à partir des apôtres. Après lui vient Télesphore [...] puis Hygin, puis Pie, après lui Anicet ; Soter ayant succédé à Anicet, c'est maintenant Éleuthère qui, en douzième lieu à partir des apôtres, détient la fonction de l'épiscopat."

Enseignements :

1. Succession apostolique vérifiable : Listes d'évêques remontant aux apôtres

2. Primauté romaine : "Origine plus excellente", Rome norme de la foi

3. Critère de vérité : Être en communion avec la succession apostolique

II. LES PÈRES DE L'ÉGLISE (IIIe-Ve SIÈCLES)

A. Saint Cyprien de Carthage (~250 ap. J.-C.)

Sur l'unité de l'Église (De Unitate Ecclesiae, 4-5) : "Le Seigneur dit à Pierre : 'Je te dis que tu es Pierre...' Sur un seul, il bâtit son Église [...] Les autres apôtres étaient assurément ce qu'était Pierre, dotés d'une part égale d'honneur et de pouvoir, mais le commencement part de l'unité afin que soit montrée une seule Église du Christ [...] Celui qui ne garde pas cette unité de l'Église, croit-il garder la foi ? Celui qui s'oppose à l'Église et lui résiste, celui qui abandonne la chaire de Pierre sur laquelle est fondée l'Église, peut-il avoir confiance d'être dans l'Église ?"

Enseignements :

1. Pierre, principe d'unité : L'Église est bâtie sur Pierre

2. Unité visible : Ne pas être en communion = ne pas être dans l'Église

3. "Chaire de Pierre" : Notion de succession pétrinienne

B. Saint Jérôme (~380 ap. J.-C.)

Lettre au Pape Damase (XV, 1-2) : "Moi, ne suivant d'autre premier que le Christ, je m'associe à Ta Béatitude, c'est-à-dire à la chaire de Pierre. Je sais que sur cette pierre est bâtie l'Église. Quiconque mange l'agneau hors de cette maison est un profane [...] Si quelqu'un est avec la chaire de Pierre, il est des miens !"

Enseignement : La communion avec la chaire de Pierre = critère d'appartenance à l'Église

C. Saint Augustin d'Hippone (~400 ap. J.-C.)

1. Sur l'Église catholique (Sermon 295, 1) : "L'Église catholique est mère de tous les chrétiens ; elle ne peut pas cesser d'être l'Église catholique."

2. Sur la primauté de Pierre (Sermon 295, 2) : "Pierre, le premier des apôtres [...] représentait l'Église universelle."

3. Argument contre les donatistes : "Securus judicat orbis terrarum" = "Le jugement du monde entier est certain." Le consensus universel de l'Église catholique est garantie de vérité contre les schismes locaux.

III. LES CONCILES ŒCUMÉNIQUES

A. Concile de Nicée I (325)

Contexte : Premier concile œcuménique, convoqué pour réfuter l'arianisme.

Résultats :

1. Symbole de Nicée : Définition dogmatique de la divinité du Christ

2. Autorité conciliaire : L'Église peut définir la foi avec autorité

3. Structure épiscopale : Confirmation des métropolites et patriarches

Signification : L'Église exerce son rôle de "colonne de la vérité" (1 Tm 3:15)

B. Concile de Constantinople I (381)

Complète le Symbole de Nicée avec l'article sur le Saint-Esprit.

Symbole de Nicée-Constantinople : "Je crois en l'Église, une, sainte, catholique et apostolique."

Les quatre notes de l'Église :

1. Une : Unité visible et doctrine

2. Sainte : Sanctifiée par le Christ

3. Catholique : Universelle dans l'espace et le temps

4. Apostolique : Fondée sur les apôtres et leurs successeurs

C. Concile d'Éphèse (431)

Définit Marie "Theotokos" (Mère de Dieu) contre Nestorius.

Signification : L'Église a l'autorité d'interpréter l'Écriture et de condamner les erreurs même d'un patriarche.

D. Concile de Chalcédoine (451)

Définit les deux natures du Christ (contre le monophysisme).

Canon 28 (controversé) : Reconnaît une primauté d'honneur à Rome, "car cette ville est la ville impériale."

Réaction du Pape Léon Ier : Rejette le canon 28, affirmant que la primauté de Rome vient de Pierre, non du statut politique de la ville.

Signification : Distinction entre primauté politique et primauté apostolique.