L'EGLISE VOULUE PAR JESUS-CHRIST
- refaelbastard
- 31 oct.
- 10 min de lecture

DEUXIÈME PARTIE
LES CONTRADICTIONS LOGIQUES FATALES DU PROTESTANTISME
I. Le Paradoxe Fondamental : L'Église avant la Bible
A. Faits historiques incontestables
Fait 1 : L'Église a existé avant le Nouveau Testament complet et canonisé
Chronologie précise (les datations des écrits restent discutés mais l'ensemble des spécialistes s'accordent sur le fait qu'ils ont tous été rédigés avant l'an 100) :
Pentecôte (naissance de l'Église)~33 ap. J.-C.0 an
Première épître de Paul (1 Thessaloniciens)~51 ap. J.-C.18 ans
Évangile de Marc (premier évangile)~65-70 ap. J.-C.32-37 ans
Évangile de Jean (dernier évangile)~90-95 ap. J.-C.57-62 ans
Apocalypse (dernier livre du NT)~95 ap. J.-C.62 ans
Canon de Muratori (première liste partielle)~170 ap. J.-C.137 ans
Concile de Rome (première liste complète)382 ap. J.-C.349 ans
Conciles d'Hippone et Carthage (canon définitif)393-397 ap. J.-C.360-364 ansDurée totale : L'Église a fonctionné pendant 18 à 364 ans (selon les étapes) sans Nouveau Testament complet et sans canon fixé.
Fait 2 : Durant cette période, l'Église a :
Converti l'Empire romain
Résisté aux persécutions (10 grandes persécutions jusqu'à 313)
Combattu les hérésies (gnosticisme, marcionisme, montanisme, etc.)
Établi la structure épiscopale universelle
Fixé la liturgie eucharistique
Défini la foi (symbole des Apôtres, proto-Credo)
Question logique implacable : Sur quelle autorité finale l'Église s'appuyait-elle pendant ces siècles décisifs, si "la Bible seule fait autorité" ?
B. Conséquences logiques implacables
Syllogisme 1 : Le dilemme de l'autorité originelle
Prémisse 1 : Si la Bible seule fait autorité finale (sola Scriptura),
alors l'Église primitive sans Bible complète n'avait pas
d'autorité finale fiable.
Prémisse 2 : Or, l'Église primitive avait nécessairement une autorité
finale fiable (elle a converti l'Empire, défini la foi,
combattu les hérésies, fixé le canon lui-même).
Conclusion : Donc, la Bible seule ne peut être l'unique autorité finale.Développement de la Prémisse 2 :
a) L'Église primitive a défini des doctrines fondamentales
Trinité : Définie à Nicée (325) et Constantinople (381) — avant le canon final (397)
Deux natures du Christ : Définie à Chalcédoine (451)
Canon biblique : Lui-même défini par l'Église
Question : Si l'Église n'avait pas d'autorité finale avant d'avoir la Bible, comment pouvait-elle définir autoritativement ce qui compose la Bible ?
b) L'Église primitive a condamné des hérésies en s'appuyant sur la Tradition
Exemple : Le gnosticisme
Les gnostiques utilisaient des "évangiles" (Thomas, Marie, Judas, etc.)
Ils citaient les mêmes écrits que les chrétiens orthodoxes
Comment trancher entre Évangile de Jean et Évangile de Thomas si "la Bible seule" ?
Réponse historique : L'Église a tranché par :
Tradition apostolique (quel enseignement vient vraiment des apôtres ?)
Succession épiscopale (quels évêques sont en continuité avec les apôtres ?)
Règle de foi (regula fidei) : Résumé oral de la foi reçue des apôtres
Irénée de Lyon (~180) :
"Suppose que les apôtres ne nous eussent pas laissé d'Écritures, ne faudrait-il pas alors suivre l'ordre de la Tradition qu'ils ont transmise à ceux auxquels ils confiaient les Églises ?"(Contre les hérésies, III, 4, 1)
Conséquence pour le protestant moderne :
Option A : L'Église des 4 premiers siècles était dans l'erreur (ou au moins dans l'incertitude)Problème : C'est cette même Église qui vous a transmis :
Le Nouveau Testament lui-même
Les Évangiles (comment savez-vous que Matthieu, Marc, Luc, Jean sont authentiques ?)
L'enseignement sur la Trinité (non explicite dans l'Écriture)
Si cette Église était dans l'erreur, toute la foi chrétienne s'écroule.
Option B : L'Église des 4 premiers siècles avait une autorité légitime hors de l'Écriture seuleConséquence : La sola Scriptura est fausse.
Option C (tentative d'échappatoire) : "L'Église primitive avait l'autorité des apôtres vivants, qui était unique et temporaire"
Contre-objection :
2 Timothée 2,2 : "Ce que tu as entendu de moi... confie-le à des hommes fidèles qui soient capables de l'enseigner aussi à d'autres"
Chaîne de transmission : Paul → Timothée → Hommes fidèles → Autres
Pas limité aux apôtres, mais succession continue
Les apôtres meurent entre 64-100 ap. J.-C.
Pierre : ~64
Paul : ~67
Jean : ~100
Mais l'Église continue à fonctionner avec la même autorité après leur mort (témoignage de Clément, Ignace, Polycarpe)
Principe de succession établi par les apôtres eux-mêmes
Actes 1,20-26 : Remplacement de Judas par Matthias
Actes 14,23 : Paul et Barnabas établissent des anciens (presbytres) dans chaque église
Tite 1,5 : "Je t'ai laissé en Crète afin que tu... établisses des anciens dans chaque ville"
1 Timothée 4,14 : "Ne néglige pas le don qui est en toi, et qui t'a été donné par prophétie avec l'imposition des mains de l'assemblée des anciens"
Conclusion du syllogisme 1 : La sola Scriptura est historiquement impossible et logiquement incohérente.
II. Le Paradoxe du Canon : Qui a Validé la Bible ?
A. L'Église catholique a canonisé la Bible
Fait historique incontestable : Aucun livre biblique ne contient de "table des matières inspirée" listant les 27 livres du Nouveau Testament.
Processus historique de canonisation :
1. Phase de production (30-100 ap. J.-C.)
Les apôtres et leurs collaborateurs écrivent
Circulation locale des écrits
Aucune liste officielle
2. Phase de reconnaissance progressive (100-350 ap. J.-C.)
Usage liturgique des écrits
Débats sur certains livres (Hébreux, Jacques, 2 Pierre, 2-3 Jean, Jude, Apocalypse)
Encore aucune liste universellement acceptée
3. Phase de fixation (350-397 ap. J.-C.)
Athanase d'Alexandrie (367) : Première liste des 27 livres dans sa lettre pascale
Concile de Rome (382, sous le pape Damase) : Liste officielle
Concile d'Hippone (393) : Confirmation
Concile de Carthage (397) : Confirmation définitive
Les conciles ont déterminé :
Quels livres sont inspirés (73 pour les catholiques, 66 après que Luther en ait retiré 7 de l'Ancien Testament)
Quels évangiles sont authentiques (4 retenus sur plus de 50 circulant : Thomas, Pierre, Philippe, Marie, Judas, etc.)
Quelles épîtres viennent vraiment des apôtres (vs. pseudépigraphes comme 3 Corinthiens, Épître aux Laodicéens)
Critères utilisés par l'Église :
Apostolicité : Écrit par un apôtre ou disciple direct
Orthodoxie : Conformité avec la règle de foi transmise oralement
Catholicité : Acceptation universelle dans les Églises
Usage liturgique : Utilisé dans la liturgie eucharistique
Remarque cruciale : Ces critères présupposent une autorité qui juge (l'Église), non "l'Écriture seule qui s'auto-authentifie".
B. Le dilemme logique incontournable
Question décisive pour tout protestant : L'Église était-elle infaillible lorsqu'elle a canonisé la Bible ?
Ce dilemme est absolument insoluble. Examinons chaque option :
OPTION A : OUI, l'Église était INFAILLIBLE pour canoniser
Si vous acceptez cette option, voici les conséquences logiques nécessaires :
Conséquence A1 : Si infaillible pour IDENTIFIER, alors infaillible pour INTERPRÉTER
Syllogisme :
Prémisse 1 : Identifier correctement la Parole de Dieu (canonisation)
est plus difficile que l'interpréter correctement.
Prémisse 2 : Si Dieu préserve l'Église de l'erreur dans la tâche
PLUS difficile (identification parmi 50+ évangiles),
Conclusion : Il la préserverait logiquement aussi dans la tâche
MOINS difficile (interprétation de ces écrits authentifiés).Analogie :
Authentifier un testament = vérifier qu'il vient bien du testateur (tâche d'expert)
Lire ce testament = comprendre ce qu'il dit (tâche plus simple)
Si un tribunal est infaillible pour authentifier un testament, il a autorité pour l'interpréter officiellement. Sinon, l'authentification ne sert à rien.
Conséquence A2 : Si infaillible en 397, pourquoi pas en 2025 ?
Question : À quel moment précis Dieu a-t-il retiré cette protection infaillible de l'Église ?
Réponses protestantes tentées :
"Après la mort du dernier apôtre (~100)"
Problème : Le canon n'a été fixé qu'en 397, soit 297 ans après
Contradiction : Dieu aurait retiré l'infaillibilité puis l'aurait redonnée le temps de fixer le canon ?
"Après la fixation du canon (~397)"
Problème : Pourquoi ce moment précis ? Aucune base scripturaire
L'Église avait encore à combattre des hérésies (nestorianisme, monophysisme, etc.)
"Quand l'Église s'est 'corrompue' (époque médiévale)"
Problème :
Quand exactement ? An 500 ? 800 ? 1000 ? Aucun critère objectif
Qui décide qu'elle s'est corrompue ? Luther en 1517 ? Sur quelle autorité ?
Si corrompue, pourquoi accepter son canon ?
Conséquence A3 : Infaillibilité du canon → Infaillibilité de l'Église → Catholicisme
Syllogisme décisif :
Prémisse 1 : Si l'Église était infaillible pour canoniser, elle possède
le charisme d'infaillibilité donné par Dieu.
Prémisse 2 : Ce charisme est soit temporaire avec date d'expiration claire,
soit permanent (car les besoins de l'Église persistent).
Prémisse 3 : Aucune "date d'expiration" n'est scripturalement fondée.
Prémisse 4 : Les besoins persistent (hérésies, controverses doctrinales).
Conclusion : Le charisme d'infaillibilité est permanent
→ L'Église catholique/orthodoxe a raison sur ce point
→ Le protestantisme est réfuté.OPTION B : NON, l'Église n'était PAS INFAILLIBLE pour canoniser
Si vous acceptez cette option, voici les conséquences catastrophiques :
Conséquence B1 : Le canon biblique devient INCERTAIN
Syllogisme :
Prémisse 1 : Si l'Église peut se tromper (faillible),
elle a pu se tromper en canonisant.
Prémisse 2 : Donc, certains livres du NT pourraient ne pas être inspirés,
ou des livres authentiques pourraient avoir été exclus.
Conclusion : Vous ne pouvez avoir aucune CERTITUDE sur le contenu
exact de la Bible.Questions pratiques qui s'ensuivent :
L'Évangile de Thomas devrait-il être dans la Bible ?
Il était utilisé par certaines communautés au IIe siècle
L'Église "faillible" l'a exclu
Peut-être s'est-elle trompée ?
L'Apocalypse devrait-elle être exclue ?
Luther en doutait et l'a reléguée à l'appendice de sa traduction
L'Église orientale en a douté longtemps
Si l'Église est faillible, peut-être avait-elle tort de l'inclure ?
Hébreux, Jacques, 2 Pierre, 2-3 Jean, Jude ?
Ces livres étaient disputés (antilegomena) dans l'Église ancienne
Une Église faillible a tranché — peut-être à tort ?
Les 7 livres deutérocanoniques (Tobit, Judith, 1-2 Maccabées, Sagesse, Siracide, Baruch) :
Inclus dans la Septante (Bible grecque des apôtres)
Cités ou alludés dans le NT (He 11,35 = 2 Mac 7 ; Jc 1,19 = Si 5,11)
Luther les a retirés au XVIe siècle
Si l'Église était faillible en les incluant pendant 1500 ans, Luther était-il infaillible en les retirant ?
Conséquence B2 : Votre Bible repose sur une autorité "faillible" et "corrompue"
Contradiction performative :
Vous dites :
"L'Église catholique s'est corrompue au Moyen Âge, je ne peux lui faire confiance."
Mais simultanément :
"J'utilise le canon biblique établi par cette même Église au IVe siècle."
Analogie : C'est comme dire :
"Je ne fais pas confiance à cet architecte, son bâtiment va s'effondrer... mais je vais habiter dans les fondations qu'il a coulées."
Question logique : Comment une Église que vous jugez faillible et corrompue a-t-elle pu infailliblement identifier la Parole infaillible de Dieu ?
Conséquence B3 : Qui décide alors du canon ? Régression infinie
Si l'Église n'est pas l'autorité finale, qui l'est ?
Tentative 1 : "L'Esprit Saint témoigne intérieurement (testimonium internum Spiritus Sancti)"
Objections :
Subjectif : Comment distinguer ce témoignage de vos préférences personnelles ?
Invérifiable : Aucun moyen de confirmer objectivement
Contradictoire historiquement :
Luther doutait de Jacques, Hébreux, Jude, Apocalypse
Calvin acceptait tous les 27 livres
Carlstadt doutait d'Apocalypse et voulait l'exclure
Les Éthiopiens orthodoxes ont 81 livres dans leur canon
Les Syriaques orientaux n'avaient que 22 livres (excluaient Apocalypse, 2 Pierre, 2-3 Jean, Jude)
Question : Si l'Esprit témoigne individuellement, pourquoi ces hommes pieux ont-ils reçu des "témoignages" contradictoires ?
Tentative 2 : "Les livres s'authentifient eux-mêmes par leur contenu inspiré"
Objections :
Critère subjectif : Qu'est-ce qui fait qu'un contenu "semble inspiré" ?
Beaucoup trouvent le Pasteur d'Hermas (IIe siècle) édifiant — pourquoi pas dans le canon ?
Apocalypse est très obscur — pourquoi l'inclure ?
Circularité : Vous jugez un livre inspiré en le comparant aux autres livres inspirés... que vous n'avez pas encore identifiés
Gnostiques utilisaient même argument : "L'Évangile de Thomas résonne avec la vérité spirituelle"
Tentative 3 : "La communauté des croyants reconnaît collectivement les livres inspirés"
Objection : Vous venez de réinventer l'Église !
Mais alors :
Quelle communauté ? (catholiques, orthodoxes, protestants, coptes, éthiopiens ont des canons différents)
Comment cette communauté est-elle protégée de l'erreur dans cette reconnaissance ? (vous présupposez l'infaillibilité que vous niez)
Conséquence B4 : Régression infinie insoluble
Vous : "L'Église est faillible, donc je ne peux accepter son canon aveuglément."
Question : "Qui décide alors quels livres sont inspirés ?"
Vous : "Moi, en les lisant avec l'Esprit Saint."
Question : "Sur quelle autorité votre jugement personnel est-il supérieur
à celui de l'Église ancienne ?"
Vous : "L'Esprit me guide."
Question : "L'Esprit guidait-il aussi l'Église ancienne qui a fixé le canon ?"
Vous : "Oui, mais seulement pour le canon, pas après."
Question : "Pourquoi cette limite arbitraire ? Où est-ce enseigné dans l'Écriture ?"
Vous : "..."
→ RÉGRESSION INFINIE : Vous ne pouvez fonder votre certitude que sur une autorité
(vous-même ou l'Esprit en vous) qui est aussi "faillible" que l'Église que vous rejetez.OPTION C (Tentative d'échappatoire) : "Le canon est une question différente de l'interprétation"
Argument : "L'Église a eu un rôle providentiel pour reconnaître le canon, mais cela ne lui donne pas autorité perpétuelle pour l'interpréter."
Réfutation :
1. Incohérence logique
Reconnaissance du canon implique :
Jugement théologique : Ce livre enseigne-t-il la vraie doctrine ?
Compréhension du contenu : Que dit ce livre ? Est-il cohérent avec la foi apostolique ?
Interprétation : Ce livre s'accorde-t-il avec les autres Écritures ?
Comment peut-on reconnaître un livre comme inspiré SANS l'interpréter correctement ?
Exemple : L'Église a inclus Jacques parce qu'elle a compris que "justifiés par les œuvres" (Jc 2,24) ne contredit pas Paul, mais complète son enseignement. C'est déjà de l'interprétation.
2. Principe insuffisant
Si l'Église a eu un "rôle providentiel" temporaire pour le canon, pourquoi pas pour :
Définir la Trinité ? (Nicée, 325)
Clarifier la christologie ? (Chalcédoine, 451)
Trancher les controverses des siècles futurs ?
Aucune raison de principe pour limiter ce rôle au seul canon.
3. Besoin permanent de l'Église
Les hérésies ne se sont pas arrêtées en 397 :
Nestorianisme (Ve siècle) : Deux personnes dans le Christ
Monophysisme (Ve siècle) : Une seule nature dans le Christ
Iconoclasme (VIIIe siècle) : Destruction des images sacrées
Protestantisme (XVIe siècle) : Nouvelles doctrines sur justification, sacrements, etc.
Si l'Église avait autorité pour trancher au IVe siècle, pourquoi pas après ?
C. Conclusion du dilemme : Il n'y a pas d'issue pour le protestant
Synthèse du dilemme :
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│ DILEMME DU CANON BIBLIQUE POUR LE PROTESTANT │
└─────────────────────────────────────────────────────────┘
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OPTION A OPTION B
Église infaillible Église faillible
pour canoniser pour canoniser
│ │
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Conséquences A Conséquences B
│ │
┌───────┴────────┐ ┌──────┴──────────┐
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Infaillible Infaillible Canon Régression
pour canon → pour inter- incertain infinie
prétation
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│ │ │ │
↓ ↓ ↓ ↓
Catholicisme Catholicisme Impossible Impossible
est vrai est vrai d'avoir de fonder
certitude certitude
↓ ↓
PROTESTANTISME PROTESTANTISME
RÉFUTÉ RÉFUTÉIl n'existe aucune troisième option logique.
Le protestant est forcé de choisir entre :
Accepter l'infaillibilité de l'Église (ce qui détruit la sola Scriptura)
Vivre dans l'incertitude radicale sur ce qu'est la Bible (ce qui détruit le fondement du protestantisme)
C'est un dilemme FATAL et INSOLUBLE.





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