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LE PROBLEME DE LA SOLA SCRIPTURA

  • refaelbastard
  • 30 oct.
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 3 nov.


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Le problème fondamental : Sola Scriptura (partie 1)


A. Implications logiques de la Sola Scriptura


1. Paradoxe auto-référentiel


Le syllogisme classique du protestant évangélique sur la Sola Scriptura peut s'énoncer ainsi :


  • Prémisse 1 : L'Écriture (la Bible) est la seule source suffisante, infaillible et finale d'autorité en matière de foi et de pratiques chrétiennes.

  • Prémisse 2 : Toute doctrine ou enseignement religieux doit être conforme à l'Écriture et être vérifiable en sa lumière.

  • Conclusion : Par conséquent, l'Écriture est la règle suprême à laquelle toutes les doctrines, y compris la doctrine de la sola Scriptura elle-même, doivent être soumises et conformes.


Ce raisonnement, bien que structuré, révèle une difficulté métaphysique et logique : la Sola Scriptura est un principe universel qui prétend fonder son autorité uniquement sur elle-même. Or, la Bible ne contient aucun verset explicite affirmant : « La Bible seule fait autorité » ou « Toute doctrine doit venir de l'Écriture seule ». Les versets souvent invoqués ont des limites importantes :

Verset

Ce qu'il dit réellement

Ce qu'il ne dit pas

2 Timothée 3:16-17

Toute Écriture est inspirée et utile pour enseigner

Ne dit pas que SEULE l'Écriture est suffisante, ni que Tradition et Magistère sont inutiles

Jean 5:39

Vous scrutez les Écritures qui rendent témoignage

Ne dit pas « Écriture seule » ; Jésus critique aussi ceux qui refusent de venir à lui malgré les Écritures

Apocalypse 22:18-19

Ne rien ajouter ni retrancher à "ce livre" (Apocalypse)

Ne parle pas de la Bible au sens canonique unifié qui n'existait pas encore

Rationnellement, ce paradoxe est un problème de méta-fondation et d'auto-référence : peut-on se réclamer d'une loi ultime sans qu'elle se réfère à une autorité antérieure ou extérieure ?


Métaphysiquement, cela questionne la fondation première de l'autorité en matière de foi.


Ainsi, le principe de sola Scriptura est extra-biblique, ce qui le rend difficilement justifiable par son propre critère, et il se réfute implicitement par lui-même.


2. Problème du canon biblique


Historiquement, la question décisive est : Qui a décidé quels livres composent la Bible ?


La réponse des historiens et théologiens qualifiés est que l'Église catholique, lors des conciles œcuméniques d’Hippone (393), Carthage (397, 419), a défini le canon des 73 livres (46 Ancien Testament, 27 Nouveau Testament).


Pour le protestantisme, deux options majeures se présentent :


  • Option A : L'Église était infaillible pour canoniserSi vrai, pourquoi alors ne pas lui reconnaître l'infaillibilité pour interpréter la Parole de Dieu ?Pourquoi l'infaillibilité cesserait-elle en 397 et ne s'appliquerait-elle pas en 2025 ?Cela mène donc à reconnaître l'infaillibilité de l'Église elle-même, ce qui est en contradiction avec la position protestante traditionnelle.Conclusion : Le protestantisme se réfute lui-même si cette option est prise.

  • Option B : L'Église n'était pas infaillibleLe canon biblique devient alors incertain : sur quels critères retenir un livre plutôt qu’un autre ? (Évangile de Thomas, Hébreux, Apocalypse font débat).L'autorité est alors faillible, ce qui entraîne une régression infinie : sans autorité infaillible, comment être sûr de son propre jugement ?Conclusion : L'incertitude radicale sur le contenu même de la Bible.


Une troisième option, plus subjective, prétend que l'Esprit Saint témoigne intérieurement de l'inspiration des livres, mais cette approche est inévitablement subjective, invérifiable, et historiquement contredite par les désaccords parmi les premiers protestants et entre groupes comptant des canons différents, ce qui invalide sa fiabilité universelle.


3. Multiplicité des interprétations contradictoires


Il est un fait historique et sociologique vérifiable : la Sola Scriptura a produit une fragmentation doctrinale considérable.

  • En 1517, l'Église occidentale était quasi unanime (catholique romaine).

  • Dès les premières décennies post-Réforme, les divisions apparurent (Luthériens vs. Zwingliens, Anabaptistes, etc.).

  • En 2025, on compte environ 45 000 dénominations protestantes/évangéliques recensées (World Christian Encyclopedia).


Les contradictions doctrinales sont nombreuses et portent sur des questions centrales (baptême, eucharistie, prédestination, salut, gouvernement ecclésial, rôle des femmes pasteurs, eschatologie, mariage homosexuel).


Ces divisions remettent en cause la cohérence métaphysique d’une Sola Scriptura qui prétendrait que l’Esprit Saint guide tous vers la vérité :


  • Si l’Esprit Saint conduit “dans toute la vérité” (Jn 16:13), pourquoi donc autant de contradictions ?

  • L'Esprit Saint conduisant infailliblement dans toute la vérité chaque protestant évangélique pourquoi avoir besoin d'une bible ? Pourquoi autant de division ?

  • Réponses protestantes :a) Ces divisions ne portent pas sur l'essentiel — contesté par la centralité de certains sacrements et doctrines.b) L’unité est spirituelle, pas institutionnelle — contredit par l’appel à l’unité visible (Jn 17:21) et les mises en garde contre les divisions (1 Co 1:10-13).c) La diversité serait une richesse — mais la contradiction doctrinale dépasse la variété culturelle pour toucher à la Vérité.d) Les catholiques aussi ont des divisions — mais sur l’application pastorale, non sur la substance dogmatique, grâce à un mécanisme d’arbitrage objectif (Magistère).


4. Comment l’Esprit Saint pourrait-il conduire à des vérités contradictoires ?


On se trouve devant ce dilemme théologique :


  • L’Esprit Saint est l’Esprit de Vérité (Jn 14:17; 16:13).

  • La vérité ne peut se contredire (principe de non-contradiction).

  • Les protestants sincères prétendent être guidés par l’Esprit dans la lecture de la même Bible.

  • Pourtant, ils arrivent à des conclusions opposées.


Trois réponses possibles :


  • A) L’Esprit Saint se contredit — impossible par sa nature divine.

  • B) Certains sont guidés par l’Esprit, d’autres non — mais pourquoi le critère n’est-il pas clair et universel ?

  • C) L’interprétation privée de la Bible n’est pas suffisante — une autorité d’interprétation objective est nécessaire.


La fragmentation protestante montre empiriquement que la Sola Scriptura ne garantit pas l’unité doctrinale ni l’accès à la Vérité.


B. La solution catholique : Écriture + Tradition + Magistère


L’autorité catholique repose sur un trépied organique et complémentaire :

text
       ┌───────────┐
       │ ÉCRITURE  │  (Parole écrite de Dieu)
       └─────┬─────┘
             │
 ┌───────────┴───────────┐
 │                       │
 │   TRADITION ORALE     │←→│      MAGISTÈRE        │
 │ (Transmission vivante │  │ (Autorité interprétative│
 │ des apôtres)          │  │  guidée par l’Esprit)  │
 └───────────────────────┘  └───────────────────────┘

1. Témoignages scripturaires en faveur de la Tradition


  • 2 Thessaloniciens 2,15 : Paul exhorte à garder les traditions reçues oralement et par écrit, signifiant que la Tradition a une autorité réelle, non subordonnée.

  • 1 Corinthiens 11,2 : Paul loue les fidèles qui conservent les paradosis (enseignements transmis oralement).

  • 2 Timothée 2,2 : Transmission apostolique structurée (Paul → Timothée → hommes fidèles).

  • Jude 3 : Foi transmise "une fois pour toutes" — traditio apostolique.


2. Le contexte historique

  • Le Nouveau Testament complet n’existait pas avant 393-397 (canon fixé).

  • La transmission était orale, par prédication, liturgie, catéchèse et autorités ecclésiales.

  • Taux d’alphabétisation très limité : la majorité dépendait de la Tradition vivante.


Le texte biblique est né de l’Église, qui a produit, conservé, canonisé et interprété ces Écritures.


3. Le Magistère : garantie d’unité doctrinale


  • Le Magistère est l’autorité enseignante de l’Église, exercée par les évêques en communion avec le pape (successeur de Pierre).

  • Fondements bibliques :

    • Mt 18,17 : L’Église est l’instance de jugement final.

    • Lc 10,16 : L’autorité apostolique est déléguée.

    • Actes 15 : Concile de Jérusalem, autorité conciliaire validée par l’Esprit.

    • 1 Tim 3,15 : L’Église est la colonne et le support de la vérité.

  • Le Magistère définit, interprète, préserve l’unité, développe la doctrine.

  • L’infaillibilité concerne des conditions très précises (ex cathedra, conciles œcuméniques).


C. Conséquences pratiques comparées

Critère

Sola Scriptura

Magistère catholique/orthodoxe

Autorité finale

Écriture interprétée individuellement

Écriture interprétée par l'Église

Unité doctrinale

Impossible, fragmentation massive

Maintenue malgré tensions

Stabilité dans le temps

Doctrines changeantes

Cohérence sur 2000 ans

Arbitrage des disputes

Aucun mécanisme objectif

Conciles, pape, consensus épiscopal

Résultat historique

Division exponentielle

Unité organique préservée

Certitude théologique

Subjective (témoignage intérieur)

Objectivité par définitions dogmatiques


Conclusion finale

La Sola Scriptura, en tant que principe fondamental du protestantisme, rencontre d’importantes difficultés rationnelles, métaphysiques et pratiques :


  • Elle se trouve dans un paradoxe logique d’auto-référence.

  • Elle ne peut fonder avec certitude la nature même du canon biblique.

  • Elle conduit à une fragmentation doctrinale massive et à des contradictions.

  • L’expérience historique et l’analyse métaphysique indiquent la nécessité d’une autorité interprétative organique, incarnée dans l’Église par l’Écriture, la Tradition et le Magistère, pour préserver la vérité, l’unité et la fidélité à la Révélation divine.


Ce constat ne rejette pas l’importance de l’Écriture, mais souligne la complémentarité fondamentale des trois piliers pour garantir une foi vivante, cohérente et authentique.

Cette reformulation vise à offrir au lecteur une compréhension claire, tout en exposant la solution catholique en cohérence avec l’histoire et la théologie.


 
 
 

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